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curioso furioso
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curioso furioso
23 juin 2009

Noir sur blanc

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H_noir_et_blanc











   Cette histoire que tu racontes n'existe pas, sinon dans l'invisible, dans cet espace entre les lettres, les mots et les lignes.
L'encre, le noir de l'encre n'est qu'une illusion, une supercherie, un décalage.
Une licence offerte à ton être malade.
Ce noir-là, ton noir, s'il est quelque chose, est une usurpation.

Tu n'es pas dans tes lignes, mais entre elles,
pas moins illisible et filant qu'un mauvais courant d'air.
Du vent, rien que du vent. Tu es dans la marge, dans l'intervalle,
dans ce qui n'est pas dit, dans ce que tu tais, ce que tu caches.
Parce qu'il t'est impossible de le révéler. A moins de te perdre.
Ta vraie histoire est là, dans le blanc, dans tout ce que tu ne peux
ni ne veux écrire.
Dans le silence assourdissant du vide.

    Ecrire est mentir, parfois. Ou toujours, dans ton cas.
Et broyer du noir pour en tirer des signes.
Un exercice automatique, une pratique permanente de l'esquive.
L'entretien d'un malentendu qui semble si vrai.
Un spectacle dont tu es l'auteur, l'acteur, et le clown.
La victime, et surtout l'assassin.
Une farce que tu voudrais légère et sans conséquence,
à rebours de ce grotesque intermède à quoi se résume ton existence.
Broyer du noir.
Rien ne pourrait mieux convenir au livre de ton mal.

Texte : Martin Cadeau  — Visuel : Geneviève Caplet - homme noir et blanc


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Commentaires
M
Hé, Mimi, faudrait peut-être alimenter un peu ce blog, je le trouve maigrichon.<br /> Va donc un peu farfouiller dans mes liens, tu y trouveras probablement de quoi le nourrir.<br /> Tiens clique sur "humeur noirte", son écriture devrait te plaire. Et puis "soluto" aussi. Ah et puis "diogène dans son tonneau" tu vas te marrer un peu.
S
En passant ici par hasard – mais le hasard existe-t-il vraiment – je découvre ce texte et je retrouve le style inoubliable de Martin fait de sensibilité, de révolte, de désespérance…<br /> Sous sa plume, les mots sombres deviennent étincelles…même si comme souvent ils expriment une profonde tristesse.<br /> Tragique destin de celui qui vit entre les lignes dans "l’illusion, la supercherie, le décalage" mais tout aussi tragique celui qui doit partager un tel destin.<br /> Si vous rencontrez Martin, dites-lui qu’il nous manque !
S
Un beau texte en noir et blanc ...
B
C'est vraiment pas le genre de missive qu'on doit aimer recevoir... A l'inverse, c'en est une dont je suppose qu'elle doit faire du bien. Je devine... J'en ai écrit aussi, y'a longtemps, des définitives dans ce goût-là, de la virulence justicière, un genre de vengeance en conclusion, de la fin de non-recevoir pour toute suite éventuelle. <br /> Puis le temps passe... Il arrive qu'on se demande si on était bien dans le juste... On se repasse l'histoire du fond des mémoires, comme on ressortirait le dossier poussiéreux des archives. On en relit le contenu, ça parle de soi-même, on savait bien... N'empêche, comme l'absolue n'existe qu'en rêve, il reste toujours un vague doute, quelque part, informulé, insaisissable. Et si ses raisons avaient été assez graves, assez fortes ou assez pénibles pour justifier ses actes ? <br /> Enfin, quand la page est déchirée, c'en est fini, il n'est plus temps de regretter. Je ne crois pas que je regrette d'ailleurs, mais cette violence reste un drap de deuil, malgré tout. <br /> Bien le bonjour !
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